ON IMAGINE BIEN LE TABLEAU

Harry Yeatman-Biggs est un ami peintre d'origine anglaise. Il m'a offert, récemment, une de ses toiles (ci-dessous) que j'affectionnais particulièrement et qui m'inspire aujourd'hui, ce commentaire... 

(Sans titre. 2004. Acryliques sur toile. 80X80 CM.)

Quand la foudre céleste s'abat de si haut, personne n'est à l'abri. On imagine ces engins, sous leurs traits ciselés, chargés à bloc de mauvaises nouvelles. Manoeuvres réglées au degré près, précision de haute voltige, frappes chirurgicales. Tous aux abris! Rien ni personne ne survivra à cet escadron de la mort. Et le ciel rose guimauve ne fera rien oublier des désastres. La vie en rose. La vie est belle. Paradoxe pictural : un à-plat rose pastel précède l'apocalypse. L'annonce est faîte, les dés sont largués. Ruines enfumées, veuves et orphelins, jouets disloqués. On imagine bien le tableau.

A moins que ce soit une opinion émise sur la conduite à adopter : des flèches zébrant le ciel pour qu'il reste rose. Rose comme la vie. Rose comme dans la chanson. Gardons les armes! Il faut lutter! La menace gronde mais "Haut Les Armes, Camarade!"...Bats-toi, fais face si tu ne veux pas voir ta vie repeinte en noir. Ou pire, en gris clair. Les sirènes hurlent, le sang coule et les larmes se répandent. C'est le prix à payer pour continuer à ésperer le rose, à se délecter du goût sucré de la guimauve. Pourtant, les bombes n'épargnent personne. Les dommages sont quotidiens et les blessures profondes: licenciement ici, perte d'un proche là, annonce d'une maladie incurable encore par ici ou divorce encore par là... Peu importe. On nous assure que l'horizon restera toujours rose. Comme dans la chanson. Camarade, si tu ne crois plus en ce rose, si tu penses qu'après ce rose, de toute façon, vient la nuit...alors il te reste encore l'espoir d'entrer dans les mémoires en devenant kamikaze.